Une famille d'explorateurs

En 1855, Hermine de Kerret épouse Georges Blanchet de la Sablière dont elle a cinq enfants. Le ménage réside dans les terres de Lanniron, près de Quimper, terres héritées de Charles Fidèle.
A la mort de Carl, le couple transmet donc a leur fils Georges, né en 1863, la propriété de Gouesnac’h. Mais Georges, âgé de 24 ans, a hérité de la passion pour l’aventure et des dons artistiques de son oncle Jean René Maurice de Kerret (Le 2 décembre 1852, âgé de 19 ans, ce dernier avait embarqué sur la frégate « la Forte » au titre de dessinateur pour rejoindre la station navale française de l’océan pacifique, entre Tahiti et Les Marquises. Outre ses souvenirs de quatre années d’aventure, il laisse plus de 200 dessins des terres abordées et des gens rencontrés, compilés dans « Journal de mes voyages autour du monde 1852-1855 », un magnifique travail de recherche, mis en page dans un superbe ouvrage par Tugdual de Kerros-Malakoff).
C’est aussi à 19 ans que Georges explore l’archipel du Svalbard, à la conquête du fameux Spitzberg. Deux ans plus tard, le voici dans les grandes plaines septentrionales de Russie. Grâce à ses récits et ses photographies, il devient, en 1884, membre de la société de Géographie, alors présidée par Ferdinand de Lesseps. Deux ans plus tard, après un doctorat en droit, il traverse l’Atlantique en paquebot, puis le continent américain dans le jeune chemin de fer, pour remonter en vapeur la côte pacifique vers le Nord et l’île de Sitka, où il se lie d’amitié avec la tribu indienne des Tlingit, dont il étudie mœurs et coutumes. Il prend des dizaines de précieuses photographies de la région, les premières, particulièrement lors de son second voyage, en 1889, où il s’est équipé d’une chambre « Mackenstein » achetée à Paris chez un certain Nadar. Il chasse l’ours avec sa Winchester, pêche le saumon avec les Indiens, tente l’escalade du Mont Saint-Élie, côtoie les aventuriers chercheurs d’or…
Des projets plein la tête, Georges pose enfin sacs et plaques photographiques à Gouesnac’h, où il épouse, en 1893, Marthe Hascoët de Saint-Georges. Le logement au-dessus des écuries de Boutiguéry ne suffisant plus, les plans d’un futur château sont dressés par l’architecte André. Tandis que les pierres de Kersanton se taillent déjà, les plans prévoient la construction de celui-ci, au point culminant du domaine, sur la prairie à l’Est des écuries. Devenu maire de Gouesnac’h, il poursuit la fondation de l’Ecole des Sœurs, remet en fonction la briqueterie du domaine et sera à l’origine de la cale et du quai de Pors-Meilloù, indispensable à l’embarquement des briques, du bois de chauffe pour la faïencerie de Quimper ou encore pour le déchargement du « maërl » (mélange de sable, de coquilles et d’algues, le « maërl » est traditionnellement utilisé dans l’agriculture côtière bretonne ; il constitue un excellent amendement par sa richesse en magnésium, en fer et en oligo-éléments). Il fait don à la commune de l’actuelle route qui dessert le petit port. En 1898, à l’âge de 35 ans, Georges est brutalement emporté par une fièvre typhoïde. Il laisse une jeune veuve et trois enfants en bas âge.

Frégate ‘La Forte’, Les Marquises

Frégate ‘La Forte’, Les Marquises

Masques Sitka

Masques Sitka

Pêche au saumon

Pêche au saumon

Chasse à l’ours

Chasse à l’ours

 Le Château jamais construit

 Le Château jamais construit

Carl Blanchet de la Sablière

Carl Blanchet de la Sablière

Jean René Maurice de Kerret

Jean René Maurice de Kerret

Christian de la Sablière

Christian de la Sablière

Par commodité, Marthe élit domicile à Quimper. Carl, son fils né à Lanniron en 1895, mène ses études au pensionnat de Pontlevoy, près de Tours. Il y passe le baccalauréat, puis s’engage à 18 ans dans l’armée tandis que débute la Guerre de 1914-1918. Ayant survécu à la Grande Guerre, il revient à Boutiguéry pour y fonder une famille ; Il épouse Marguerite de Mandell d’Ecosse de Latour-Maubourg. Ils ont quatre enfants. Carl abandonne le projet de château et transforme les écuries en cottage de style anglo-normand
.
Comme son père, Carl nourrit une passion pour la voile ; passion qui l’amène à la médaille d’or olympique aux Jeux d’Amsterdam, en 1928, à bord de l’Aile VI de Virginie Hériot, vicomtesse de Saint-Sénoch et navigatrice de talent. Il fait construire plusieurs yachts d’après ses propres plans et, amoureux des arbres de sa forêt, il commence une petite collection de rhododendrons et d’azalées d’environ 150 plants. Durant la seconde Guerre Mondiale, il entre dans la Résistance. Arrêté par la Gestapo, il échappe miraculeusement à la déportation grâce au bombardement de la gare de Rennes par les forces alliées la veille de son départ. Carl Blanchet de la Sablière s’éteint en 1979, laissant sa demeure à son fils cadet, Christian, né à Boutiguéry en 1931.