Portraits Christian, Virginie
Si Christian de la Sablière, dès son enfance, adore tant les arbres et la forêt, c’est tout d’abord pour échapper aux précepteurs qui tentent de lui inculquer quelques notions d’algèbre ou de latin. Comme il aime également le dessin, il se tourne vers les Beaux-Arts de Quimper. Il passe son service militaire comme Chef des bureaux de dessin de la 1ère D.B. à Trèves, puis aux Deux Armées au volant d’un G.M.C. où il goûte à l’amère poussière du Sud algérien. De retour à Gouesnac’h, il reprend le pinceau. Mais les galeries sont exigeantes. Alors, entre deux chevalets, il bourlingue entre la pièce auto détachée, l’ébénisterie parisienne, un chantier naval à Bénodet, ou encore dans l’équipe Bic lors du 1er défi français pour la Coupe de l’America. En sus de la mécanique, du travail du bois, de la chasse, de la voile, de la photographie et de la peinture, la botanique reste son atout majeur. Sa passion.

Depuis les années 60, il continue la collection initiée par son père avec les moyens de l’époque : marcottage, greffage et semi. Mais son âme de peintre coloriste, avide de « peindre la terre », n’est toujours pas satisfaite. Lorsqu’en 1987 un terrible ouragan détruit le parc et le domaine forestier, c’est le désastre. Pourtant, du chaos va naître l’actuel parc de Boutiguéry, 20 hectares couverts de 1 500 nouveaux plants chaque année. Avec son ami et voisin Marc Colombel, qui fonde en 1993 la Société Bretonne du Rhododendron, ils se lancent dans l’hybridation. Au rythme de la nature, avec l’apport de quelques pollens étrangers et une infinie patience, la palette des couleurs s’emballe et les feuillages deviennent plus beaux, plus chauds, « vibrant de lumière ». Et l’hybridation continue.

Le vent a crée l’espace. Usant de tronçonneuses, de tracteurs, de tractopelles, le jardinier terrassier l’organise et le peintre le colore. C’est ainsi qu’à Boutiguéry, pour le grand bal du printemps, chaque année « les parfums, les couleurs et les sons se répondent dans des jeux d’ombre et de lumière. »

Chasse à l’ours

Virginie de la Sablière

Frégate ‘La Forte’, Les Marquises

Christian de la Sablière

Christian & Virginie

Christian & Virginie

A quatre-vingt ans passés, la passion de Christian de la Sablière est toujours intacte et pas question d’abandonner ses chères fleurs ! Mais depuis 2010 sa fille Virginie est venue le rejoindre sur la propriété pour reprendre le flambeau.
Petite fille… elle trouvait parfois que ce jardin prenait beaucoup de place dans la vie de son père, mais elle en est aussi passionnée.
Comme tous ses ancêtres, elle est allée voir le monde avant de revenir sur les bords de l’Odet. Et elle a bien préparé son retour.
Elle a repris des études et passé un BTS d’aménagement du paysage à Angers pour pouvoir s’attaquer au développement du parc.
En deux ans, elle a réussi à convaincre tous les septiques qu’elle avait bien sa place ici !
Et si son père redoutait de la voir manier des engins… il vient de lui offrir pour ses trente ans, une tronçonneuse !

Aujourd’hui elle cherche à partager et faire aimer le lieu à un public plus large en ouvrant davantage le parc.
Elle reçoit de nombreux groupes qu’elle guide toute l’année dans le parc. Ici la floraison est optimum en avril mai, mais dès le mois de mars, les camélias et magnolias commencent à animer le paysage.
Ensuite ce sont les azalées japonaises qui prennent le relais, puis les mollis. Pendant ce temps les rhododendrons se préparent à pavoiser de toutes les couleurs tandis que les glycines, présentes autour de la maison depuis toujours s’en vont désormais à l’assaut de certains arbres.
Jusqu’à la fin juin, le parc est un feu d’artifice de couleurs. Afin de faire la jonction avec les feuillages d’automne, Virginie pense introduire petit à petit d’autres essences qui lui permettraient de prolonger la période d’ouverture du parc.
A l’automne, elle organise quelques rendez-vous autour des arbres. Une serre de 400m2 permet aux visiteurs de découvrir leurs coups de coeur, des plants de collections et de développer les rencontres autour d’ateliers botaniques avec les amateurs de plants.
Et pour faire vivre les variétés créées sur la propriété, toute une gamme d’azalées mollis est en train de voir le jour.D’ici peu les jardiniers devraient pouvoir planter dans leurs jardins les azalées nées ici…
et avec encore un peu plus de patience les fameux rhododendrons tétraploïdes, aux fleurs énormes, que Christian de la Sablière a réussi à obtenir au terme de multiples hybridations.

La magie de Boutiguery va pouvoir essaimer et s’exporter de par le monde.
Encore une histoire de voyage !